Ce concept d’attachement a été défini par Bowlby dans les années 50. L’attachement est un besoin primordial de l’enfant pour sa survie. Il se définit par la capacité de l’enfant à se tourner vers une figure d’attachement en cas de stress ou de danger. Ainsworth (1978) constatera qu’à un attachement sécure permet à l’enfant d’explorer son environnement de manière sereine et autonome. En effet, l’enfant sait qu’il peut compter sur sa figure d’attachement en cas de stress pour se rasséréner.
L’attachement a un donc à un caractère d’adaptation, pas seulement durant les premières années mais tout au long de sa vie et à commencer par l’entrée à l’école maternelle.
A ce titre, Cyrulnik (2006) distingue les enfants sécures pour qui l’école leur permettra de progresser tant dans des compétences cognitives que motrices, des enfants insécures où l’école à deux ans sera ressentie « comme un traumatisme supplémentaire » (Cyrulnik, 2006, p.9). Différentes études ont d’ailleurs révélé l’impact d’un attachement insécure et en particulier l’attachement désorganisé.
Ainsworth a mis en évidence deux types d’attachement insécure : l’attachement ambivalent ou résistant et l’attachement évitant. Pour le premier, l’enfant sollicite sans cesse sa figure d’attachement mais du fait de réponses imprévisibles et qui ne sont pas toujours adaptées, il n’arrive pas à se sentir en sécurité et à réguler son stress. De ce fait, l’exploration est pauvre et la présence d’un étranger créer chez l’enfant une forte anxiété que la présence du parent ne suffit pas à calmer (les pleurs peuvent continuer).
La séparation avec la figure d’attachement est synonyme de stress et d’angoisses. ( Tereno, Soares, Martins, Sampaio et Carlson, 2007). Les enfants évitants quand à eux ne cherchent pas de réconfort auprès de la figure d’attachement en cas de stress. Ils sont dans un contrôle permanent de leur émotion capable de continuer à explorer leur environnement tout en montrant une apparente tranquillité. Ces enfants perçoivent leur parent comme étant non disponible et ont fait l’objet d’expériences répétées de rejet. (Cassidy et Cobak, 1988).
En ce qui l’attachement désorganisé, l’enfant a pour figure d’attachement un parent qui est à la fois la source de réassurance mais aussi source de peur (Main et Hess, 1990). Cette désorganisation se retrouve généralement chez les enfants maltraités. Or, chez eux de nombreuses ressources cognitives vont être engagés pour trouver des stratégies efficaces pour s’adapter au parents au détriment d’une attention portée aux séances d’apprentissage portées par l’école. ((Main, 1991 ; Moss, St-Laurent, et Parent, 1999).
Au contraire, chez les enfants sécures, les performances en résolution de problèmes et en motivation académique sont plus élevées que chez les enfants insécures. De plus, les enfants désorganisés obtenaient les performances les plus faibles. (Moss & St-Laurent, 2001 ; Moss et al., 1999)
La sécurité d’attachement va aussi déterminer les compétences socio-émotionnelles, c’est-à-dire la relation avec les autres adultes et les autres enfants. Un enfant insécure ou désorganisé aura plus de difficultés à réguler ses émotions, ce qui n’est pas sans conséquence sur les rapports qu’il va entretenir avec ses camarades et son enseignant. En effet, la relation d’attachement va s’établir à partir des modèles internes opérants que construits par l’enfant. Ce concept définit par Bowlby (1957) se définit comme « les modèles mentaux développés à travers l’intériorisation des relations interpersonnelles et qui servent ensuite de filtres pour interpréter et comprendre les nouvelles situations sociales ». (Miljkovitch & Sander, 2017, p.174).
Les enfants avec un attachement sécure vont donc avoir une grille d’interprétation plus positive facilitant ainsi les relations avec les autres enfants tandis que les enfants insécures vont avoir tendance à prêter des intentions négatives aux autres.
Dans une classe maternelle, où l’enfant est fondu dans une masse d’une vingtaine d’enfants, les affects négatifs ressentis par l’enfant insécure risquent de générer de nombreux conflits. D’ailleurs, les enseignants disent souvent qu’un enfant qui dépasse le cadre et qui ne respecte pas les règles de la classe est souvent un enfant insécurisé.